Le « Base Jump » est un sport extrême qui consiste à sauter d’un point fixe terrestre avec un parachute. L’acronyme BASE (Building, Antenna, Span & Earth) défini l’immeuble, l’antenne, le pont ou la falaise d’où se jette le base jumper.
La première réaction du grand public ? « Mais ils sont complètement cinglés ! ». Plus fous que ceux qui tournent sur un circuit avec des motos de 200ch ? Que ceux qui mélangent alcool et drogues chimiques chaque week-end ? Que ceux qui bossent 70 ou 80 heures/semaine pour rembourser leur vie à crédit ? Je ne saurais dire, la réponse n’est pas si simple … En tout cas, dans un monde où beaucoup cherchent du sens, quoi de plus efficace pour se sentir vivant que de se jeter dans le vide !? Et comme çà ne suffit pas forcement, certains cherchent plus loin. Supprimer au maximum les artifices qui relient l’homme au parachute. Retirer vêtements, sac et harnais. Le corps nu et le parachute, rien d’autre ! Lors de cette séance de photos, j’ai eu la sensation d’assister à une initiation, où le maitre de cérémonie perce la peau du dos, crochète des étriers métalliques à même la chair, plie les parachutes et accompagne psychologiquement les jeunes volontaires pour qu’ils visualisent les bons réflexes à avoir entre l’envol et l’atterrissage. Quelques initiés, qui l’ont ‘déjà fait’, sont là autour, bienveillants, l’oeil aux aguets. Ils iront sauter avec eux en soutien. Ces trois jeunes australien qui veulent passer à l’âge adulte préparent ça depuis des mois. Ils ont fait le voyage depuis chez eux pour faire ça avec la bonne personne et dans de bonnes conditions. Ils seront les 84, 85 et 86ièmes à faire ça au monde. Il s’agit d’une pratique ultra confidentielle où le risque, la douleur et l’engagement sont terriblement présents. Le parachute arrimé à de gros piercing sanglants dans leur dos, les pieds au bord du vide, la dose d’endomorphine se rajoute à l’adrénaline, créant un cocktail plutôt détonnant. Tout comme le surfer qui choisit de se lancer sans ‘leash’ (la laisse qui relie la planche à l’homme), on peut voir une démarche puérile de se singulariser, une quête de puriste, un jusqu’au boutisme inconditionnel. Une démarche mystique ? Le Nirvana par la douleur ? Les bains de fourmis ? Peut-être seulement le désir/plaisir de se sentir le plus libre et le plus en maitrise possible, sur le fil. Il y a une recherche de pureté, un but inavoué de voler pour de bon ? J’ai été très bien accueilli dans cette après-midi à faire des photos. Ni dans l’apologie ni dans la critique de cette pratique, j’ai été profondément curieux, cherchant la lumière qui agite tout çà au fond, ce qui fait vibrer et pousse à sauter.19 mai 2022